A Mayotte:
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A Monsieur Le président de la République Française

A

Monsieur le Président de la République Française

Les Représentants des musulmans de Mayotte réunis dans la salle de délibération du conseil général le 12/01/10 sur ma convocation, m’ont chargé de vous écrire pour vous faire part de la situation de notre religion à Mayotte, ainsi que de leurs souhaits actuels et à venir:

 
LA SITUATION DE L’ISLAM A MAYOTTE:
A Mayotte l’islam est ancien. C’est une religion de tolérance et de paix. La France a pris un engagement permanent de le respecter.

 
L’islam est ancien à Mayotte:
L’islam est introduit à Mayotte entre le XIV et le XVI ème siècle . L’île est musulmane avant d’être française. C’est un cadi (juge) qui aurait rédigé l’acte de cession de Mayotte à la France en 1841.

A Mayotte l’islam est une religion de tolérance et de paix:
Les Maorais ont accepté l’islam par conviction et non par la force, ni physique, ni morale, ni matérielle.

Le coran stipule :<Pas de contrainte en religion>. A Mayotte à l’évidence , c’est strictement appliqué. L’islam n’a pas touché aux pratiques animistes , ni aux autres religions qui se pratiquent jusqu’aujourd’hui pour ceux et celles qui insistent.

Il n’a pas touché aux coutumes et traditions maoraises.

Entre elles et l’islam, il y a une cohabitation, une coexistance pacifique.

Les lois coraniques, la Sharia, offrent des choix dans ses protections comme dans ses sanctions.
Par exemple, en matière de vol, de l’adultère, et de crime, ces lois prévoient des sanctions très sévères (amputation, lapidation, vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent…)

Mais elles prévoient aussi le pardon.

Et entre les deux extrêmes, il y a un espace ou elles tiennent compte du contexte.
De mémoire d’homme, tempérés par leur tradition et leur coutumes, et sans tourner le dos au coran ceux qui sont chargés d’appliquer les lois coraniques à Mayotte, n’ont jamais retenues ses très sévères sanctions. Tout en appliquant la sharia, ils ont toujours su trouver une solution qui ne heurte pas la tradition et la coutume maoraise : un pardon ou un arrangement à titre gratuit ou onéreux…

Ce n’est que tout dernièrement qu’un cadi a prévu la lapidation dans ces solutions. C’était en réaction au laxisme de certaines lois républicaines en certaines matières. Son jugement a été cassé.

 
La tradition maoraises privilégie la femme en tant que fille, sœur, épouse…
 
Autre exemple : En matière d’héritage, de divorce…, la tradition maoraise privilégie la femme, contrairement à ce que croient beaucoup de gens.

La femme selon la tradition est propriétaire de la maison, gardienne des enfants, destinataire de la dote, gardienne des secrets intimes de la famille… Tout cela compense largement le 1/3 de l’héritage qui lui est destiné ; par la loi musulmane. D’ailleurs influencé par la tradition et la coutume, le juge musulman suit très souvent les accords familiaux ainsi que le coran le permet. Ces accords familiaux prévoient souvent le partage à égalité entre frères et sœurs, et très souvent, l’abandon de l’héritage par les frères, au profit de leurs sœurs chez qui ils sont hébergés en cas de divorce ou de séparation d’avec leur épouse.

La France a pris un engagement permanent de respecter la tradition musulmane à Mayotte:
C’est du moins ce que disent certains notables entre eux.
Cet engagement serait donc plutôt moral, découlant d’un certain logique:
Mayotte, dernier territoire à être intégré ou sein de la république, la France va logiquement y éviter les erreurs commises ailleurs.
D’aucuns tirent cet engagement permanent implicitement des textes ou déclarations écrites ou orales :

L’acte de cession de Mayotte à la France prévoit eu son article 7 :<les discussions, disputes ou différends quelconques qui s’élèveraient entre les Français et les anciens habitants de Mayotte seront jugés par des hommes sages et éclairés choisis dans les deux populations et désignés par sa Majesté le Roi des Français ou par son représentant à Mayotte.>

Les sages et éclairés en questions sont notamment des cadis de droit local et dont les compétences devraient durer autant que durent celles des juges de droit commun , contrairement aux orientations prises dans les accords de 2000, les lois de 2001, 2003 et 2004 et dans le pacte de 2009.

En 1843, le commandant Passot a fait la déclaration suivante aux français à travers ses soldats :<Vous allez vous trouver en contact avec une population superstitieuse dont les mœurs et religion sont totalement opposées aux vôtres : Vous respectez leurs préjugés et leurs croyances.>

Personne ,n’imagine un respect temporaire, d’où la compréhension de l’engagement permanent de la France de protéger les croyances des maorais, autrement dit la tradition musulmane à Mayotte, car on imagine pas n’on plus un respect sans protection.

D’autre part cette compréhension d’engagement permanent est corroborée par des dispositions de la constitution ancienne , et révisée, des lois, et des conventions internationales

Articles1 de la constitution: <La République respecte toutes les croyances>

Article 2 de la constitution: <Elle assure l’égalité devant la loi sans distinction d’origine de race ou de religion.>

Article 75 de la constitution: <Les citoyens de la république qui n’ont pas le statut civil de droit commun, seul visé à l’article 34, conservent leur statut personnel, tant qu’ils n’y ont pas renoncé.>. A Mayotte , il s’agit de statut personnel musulman.

Article 1er de la loi du 9 décembre 1905sur la séparation des église et de l’état :<La république assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes…>

Article 9 de la convention européenne: <Toute personne à droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion… Ce droit implique……

La liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites…>



LES SOUHAITS ACTUELS ET A VENIR DES MUSULMANS DE MAYOTTE:
Ecrire à Monsieur le Président ne figurait pas dans la liste de l’ordre du jour de la réunion du 12/01/10.

Il a été proposé par un participant et accepté par l’ensemble des représentants des musulmans présents, en raison de l’opportunité , le président devait effectuer une visite à Mayotte, le 18/01/10, et surtout en raison des inquiétudes partagées.

Ces inquiétudes proviennent de nombreuses déclarations orales, qui nous sont parvenues ces derniers temps, ainsi que des textes qui nous sont traduits au fur et à mesure (ordonnances, accords, pactes, arrêtés, décrets, lois….) de leur application directe suivie de pratiques prises récemment, et qui vont dans le sens contraire à l’engagement permanent de la France de protéger la tradition musulmane à Mayotte. Ces inquiétudes soulèvent en nous tous , des questions graves : Au lieu de les éviter, les autorités ne sont elles pas en train de commettre spécifiquement à Mayotte, des erreurs commises ailleurs ?

La question est ainsi posée car en Métropole et à la Réunion, on ne fait pas les mêmes constats qu’à Mayotte
:
En Métropole et à la Réunion, il y a des centres culturels islamiques. A Mayotte il n’y en a aucun.

En Métropole on admet de sortir l’islam des caves, et de former des imams ; à Mayotte ce n’est pas le cas. Les écoles coraniques y sont restées sous les greniers, le véranda, dans la cour, et souvent à même le sol.

A Mayotte il n’y a pas d’école coranique sous contrat avec l’état comme à la Réunion et en Métropole…

A la Réunion et en Métropole , la religion de la majorité , ne fait pas l’objet d’accord , de pacte …comme c’est le cas à Mayotte .

Nous souhaitons par conséquent:

Que les dispositions des conventions internationales régulièrement signées , et de la constitution , favorables à la tradition musulmane , ne soient pas écartées par des accords et autres pactes locaux .

Que l’organisation de la justice à Mayotte , ne soit pas bouleversée par la suppression des institutions traditionnelles maoraises.

Que les écoles privées islamiques , comme les autres écoles privées, en Métropole ,à la Réunion et même à Mayotte , puissent être reconnues comme participant à l’éducation et à la lutte contre l’ignorance et bénéficier de subventions .


LE GRAND CADI
ABDOU BACHIROU

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